le glaive dans mes rêves › dan

date du rp › 8 janvier 1985.
lieu du rp › videoclub.

y'a le froid qui vient lui bouffer une partie des joues, y'a le reste de la fatigue qui revient encore lui tanner sa carcasse laissée au congélo et l'envie de se foutre au pieu qui se fait de plus en plus pressante. pourtant fait pas assez tard pour qu'il envisage de se caler sur son matelas, tronche enfoncée dans le coussin. pourtant il a dans ses mains une cassette qu'il doit rendre, il fait le bon élève colin, celui qui rend l'exercice à faire sans broncher, celui qui lève la main le premier et qu'aime beaucoup trop faire les exposés sur les tortues ou les cerfs. renifle un peu, la tronche à moitié emmitouflée dans son écharpe verte et bien délavée, il fait à peine gaffe aux mômes qui rentrent de l'école, aux gonzesses déjà prêtes à aller se perdre dans les clubs de greenwich, aux types qu'enfilent leurs plus belles cravates pour aller peloter des cuisses dans les bars. y'a dans son pas comme une genre de hâte parce qu'il a rien du client modèle qu'arrive trois heures avant la fermeture pour faire chier le manager, l'est plus celui qui déboule cinq minutes avant le rideau de fer, celui qui se vante d'avoir eu la dernière seconde pour faire ses courses de la semaine. frisson léger qui vient s'infiltrer sous sa veste en jean, il claque un sourire en voyant la lumière encore allumée, y'a plus personne à cette heure-ci pour réclamer la dernière comédie romantique en vogue, y'a plus personne pour l'empêcher de s'incruster, faire valser la clochette qu'indique qu'un intrus s'est pointé. il brandit l'objet du crime pareil à la statue de la liberté, beugle sans se faire prier.

- d'la meeeeeeeeeeeeeerde.

y'a que le dernier qui bosse qui peut le remarquer, y'a que dan dans la petite enseigne pour se retourner. lui qu'a le sourire qui saigne la malice et danse avec des diables de noir et de blanc. sourcils qui se haussent, il se retient franchement d'éternuer en ravalant l'envie directement. inspiration profonde finalement, il se fait pas prier, colin, pose son cul sur le comptoir, se la joue pin-up de mauvaise manufacture - avec le plastoc qui fond sous le moindre rayon de soleil. cassette posée sur le bois, jambes qui pendouillent dans le vide et qu'il fait bouger.

- plus jamais j'passe nouvel an avec vous,
- j'ai pris genre, deux jours à m'en r'mettre.

silence, sourire de coin de table.

- à c'que j'vois tu rayonnes,
- journée à chier ou t'es juste tellement claqué qu'ton âme s'est déjà taillée ?

date du rp › 8 janvier 1985
lieu du rp › videoclub
et si la courtoisie d'un employé modèle exige une posture soignée, dan, rebelle des heures perdues s'évertue à en être le parfait antonyme: plus qu'accoudé, c'est toute la partie supérieure de son corps qui est vautrée sur le comptoir, dans l'attente vaine de l’inattendu. faut dire que ça fait maintenant une bonne trentaine de minutes que la solitude de lui s'est éprise, billy ayant terminé son service sans sourciller, et les clients préférant à cette heure directement se rendre au ciné pour s'peloter. pour tromper l'ennui, le pauvre a tout essayé; canulars téléphoniques, entrainement musical improvisé... il en est même venu à un moment terrible, par ranger!

sonnette retentit une seconde, bien vite coupée par un gueulard comme on en fait peu: pas de doute sur l'origine de la voix, pas de doute sur le propriétaire des petits pas; révélant son bout d'nez camouflé entre ses bras, le sourire aussi est là. dan le zieute, rire au bord des lèvres: colin, l'sale gamin lui fait toujours cet effet là. ce bonheur simple, cette tendresse légère qui se glisse entre les odeurs de sapin... et voilà déjà qu'il se pose tranquille à ses côtés, des lieux il paraît maître improvisé... où plutôt maîtresse, bonne qu'à se plaindre du haut de ses airs désabusés.

-"petite nature,
c'est pas de ma faute si il te suffit d'une pinte pour plus savoir sur quel pied danser."

effort de quelques mouvements, histoire de faire semblant de s'intéresser: à lui et ses conneries, à lui et ses yeux échantillon paradis... le menton vient se poser dans l'une des mains, pendant que l'autre agrippe la cassette abandonnée... rien que l'affiche vend pas du rêve, à se demander si colin a vraiment tenté de la regarder.

-"après moi j'ai pas le teint pâle de ceux qui gerbent avant les douze coups de minuit..."

rire qui se retient pas en se rappelant les fameux exploits: faut dire que la soirée à été arrosée, noyée jusqu'à être d'alcool imbibée! l'issue d'ailleurs semble lui avoir échappé, impossible de mettre des souvenirs sur les derniers éléments de cette célébration de fin d'année... plus qu'à espérer qu'il s'est pas foutu à poil pour danser, ou autre acte encouragé par les festivités.

-"... mais ouais, pas passionnante cette journée. toi, par contre t'as l'air sacrément motivé. quoi de neuf?"

les deux se voient trop, tellement souvent. et pourtant!
en cherchant bien, ils trouvent toujours monts et merveilles à se raconter...
ou de la merde, mais ça suffit pour les faire se marrer.

@colin knox

date du rp › 8 janvier 1985.
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ça se balance des pétards mouillés à la face, ça se fait peur avec la même dose de vanne qu'un enfant de huit ans, ça l'amuse plus que de raisons. n'empêche qu'il baille un peu colin, qu'il a pas encore les attraits des grands bâtisseurs de ce monde qui feront de demain un chantier d'avenir pour les générations futures. épaules qui craquent dans un mouvement sec, tête qui tombe en arrière et prunelles qui s'attardent sur le plafond aux lumières mi-blanches mi-jaunes, il laisse s'échapper un rire, tenté de foutre un coup de coude à dan - pour autant, il se le garde, en se doutant qu'il finirait tête la première contre sainte gravité, de quoi se faire bobo et en garder quelques marques d'idiot rigolo.

- une pinte, tu t'fous d'moi,
- j'sais même plus c'que j'ai bu...
- bah.

y'a son pif qui revient se nicher dans son écharpe, y'a ses talons qui claquent un peu contre le comptoir puis il cesse le geste, tente pas les rythmes en compagnie d'un batteur qu'a la gnaque et qu'en manque pas une pour faire péter ses baguettes qui s'effritent et font boustifaille pour les mites.

- eeeeh quoi d'neuf hein.

de l'engueulade, des poings, des phalanges blanchies, des dents grinçantes, des nuits blanches aux paroles grises.

- mis à part qu'ce film était mauvais,
- qu'j'ai un début d'crève,
- et que j'sais pas si l'année commence bien -
- pas grand-chose en vrai, j'suis presque triste d'pas avoir t'sais,
- de grande épopée,
- même pas une p'tite illiade,
- queds.

silence, sourcils qui se froncent, torse qui se penche en avant et coudes qui se calent sur ses genoux, regard franc vers l'ami, lèvres qui s'étirent avec sincérité - soucis qui se tirent avec un coup de pied au cul.

- ça a l'air d'être pépère quand même d'bosser ici,
- j'aurais mieux fait d'te suivre,
- plutôt que d'bosser la nuit,
- c'est limite tellement vivant qu'ça en devient angoissant.

date du rp › 8 janvier 1985
lieu du rp › videoclub

- une pinte, tu t'fous d'moi,
- j'sais même plus c'que j'ai bu...
- bah.

dan, mieux vaut pas signaler que t'as fait le compte. dans le brume de ses propres vapeurs, pauvre idiot n'a pas pu s'empêcher de zieuter vers les verres trop vite trop terminés, l'encourager à trinquer avant de vite s'arrêter. faut dire que ça le ferait bien suer d'apprendre que ce couillon est décédé de froid sur un pavé, entre son vomi et un rêve brisé. ça le ferait bien suer, ouais. enfin, pas assez pour être un véritable chevalier; lui aussi avait fini tellement amoché qu'il aurait confondu collin avec n'importe quel minet;
peut-être qu'il l'a fait.
peut-être que par erreur, y a quelques lèvres qu'il a embrassé
en riant, riant
en se disant
'on sait jamais
c'est peut-être celles que j'aimerais.'
gamin a bien fait d'oublier l'issu
d'oublier le monde
d'oublier son palpitant vaincu.

- eeeeh quoi d'neuf hein.

il a la mine de réfléchir collin; il lui fera pas croire ça. ça se voit sur son faciès qu'il sait déjà tout ce qu'il pourrait dire, toutes les histoires à raconter. il trouve pas juste celle capable de l'impressionner; pas celle qui fera pleurer dans les chaumières, rire les ménagères.

- mis à part qu'ce film était mauvais,
- qu'j'ai un début d'crève,
- et que j'sais pas si l'année commence bien -
- pas grand-chose en vrai, j'suis presque triste d'pas avoir t'sais,
- de grande épopée,
- même pas une p'tite illiade,
- queds.

dan a visé juste, son partenaire d’âneries semble déjà lassé des jours heureux. à la quète d'aventures, de légendes à dormir débout! pas ici qu'il les trouvera, entre coup de foudre et dead zone.

- ça a l'air d'être pépère quand même d'bosser ici,
- j'aurais mieux fait d'te suivre,
- plutôt que d'bosser la nuit,
- c'est limite tellement vivant qu'ça en devient angoissant.

-"non, non.
ici c'est tellement mort, au contraire.
tellement mort que je sais parfois même plus si je respire vraiment."

y a la grosse paluche qui s'approche du client le plus fidèle, vient en ébouriffer la crinière.

-"t'es l'genre qui s'ennuierait tellement
que t'en deviendrais méchant.
t'es mieux là-bas, avec la fête, les rires, les gens."

sourire léger flâne dans les airs, perce peut-être la stratosphère. cadavre presque réanimé par la visite de qualité, dan fait l'effort de vraiment se relever pour se diriger vers les rayons et déjà rangé la cassette loyalement ramenée.

-"tu veux prendre autre chose pour régaler tes pupilles ankylosées?
dépêche, comme ça je le note
et on s'casse.
j'ai envie de respirer."

petit rire, retour prêt du comptoir bras croisés.
ouais, respirer.
avec colin à ses côtés, ça devrait pas être bien compliqué.

@colin knox