show room › boyd

date du rp › 25 janvier
lieu du rp › bellevue hospital

y'a l'air chaud qui tape contre sa joue quand il se met à courir comme un dératé dans l'hôpital. c'est que ça panique à l'intérieur, c'est que ça frappe fort, assez pour que ce soit douloureux et que ça le fasse changer de couleur. il fait passer outre la fatigue, steve, parce qu'il flippe assez pour se trouver des forces perdues. l'entraînement qu'a été rude plus qu'à l'accoutumée, le froid qu'a joué dans ses tympans des mélodies pas bien agréables - puis le coup de grâce enfin chez lui, c'est l'hôpital qu'a appelé, numéro d'urgence noté dans les papiers de boyd il en a jamais vraiment douté. alors il a chopé sa bagnole, steve, il a poussé un soupir d'un mi-désespoir et pour y chercher quelconque oxygène pour pas tomber dans les vapes. il se serait bouffé un bus - il a pas su les circonstances, n'empêche qu'il a eu autant de chance qu'un agneau suspendu au-dessus de la gueule d'un croco. il a foncé plein phares, plein moteur, y se doute qu'il lui a fait du mal - il y pensera qu'après. la gonzesse à l'accueil qui lui a indiqué la chambre, lui qu'a été rassuré quelque part de savoir qu'il se sortirait au moins entier - une jambe en moins ça le surprendrait qu'à moitié, faut dire que boyd a toujours eu le chic de se foutre dans de sacrés merdier. y'a bien une infirmière qui s'est mise à lui balancer qu'il fallait pas se grouiller, qu'il allait se prendre le pif en plein sur le sol ciré et glissant, il a tout juste écouté, d'une oreille seulement.

alors quand il pousse la porte de la chambre, y'a ses mains qui s'échouent sur ses genoux, il se penche en avant pour reprendre ses esprits - il a plus l'habitude des baskets, à préférer de loin les patins à roulettes. il se redresse mollement, y'a qu'un boyd endormi enfoncé dans son pieu. y'a tout qui doit être pété à l'intérieur, il a le bras dans le plâtre et des bleus qui parsèment sa tronche de grand crétin. sourcils qui se froncent, il se rapproche, il ose pas le secouer pour le ramener à la vie.

- p-p-putain d'merde tonton,
- t'fais ch-ch-chier,
- grand-mère a jamais pu t'apprendre qu'il faut regarder a-a-a-avant de tra-tra-traverser ?

il lui en foutrait bien une si ça en rajouterait pas une ligne dans son carnet des choses à faire pour un corps désarticulé. il chope une chaise, s'y affale mollement, laisse tomber sa caboche en arrière et se tait, au moins pour se calmer, au moins pour ravaler le semblant de larmes de terreur qu'ont poussées - il les ravale, rassuré. c'est qu'il aurait pu perdre le genre de père improvisé.

c’était pourtant une belle journée.
il s’était levé le sourire aux lèvres, avait englouti son omelette comme si c’était la dernière -hahaha- et s’était rendu à la rédaction en sautillant d’un pied sur l’autre, parfait sosie du schtroumpf coquin.
james a un peu plus tiré la gueule quand il a lu ses sujets de chroniques pour la parution de la semaine prochaine, mais bon, s’il arrive pas à saisir l’importance d’un sujet aussi actuel que la rupture de stock des mocassins de bateliers à bride doubles dans les boutiques d’équipements de voiliers et de sport nautique, c’était pas son problème à boyd.
soit-disant y a des sujets plus pertinents comme le retrait du pays de l’unesco ou la dernière réforme fiscale de reagan.
que des trucs chiants, quoi.
mais c’est pas grave, il a gardé son grand sourire de labrador benêt. il avait pas de raison d’être mécontent ou triste. il a jamais vraiment de raison d’être mécontent ou triste.
on peut pas être mécontent ou triste, si on vit comme boyd.
il prend les choses comme elles viennent, et tant pis si ça change tout.
il trouve pas de batavia pour nourrir sa tortue ce soir ? pas c’est pas dramatique, elle arrivera à mâcher de la feuille de chêne.
walmart a fait discontinué sa marque préférée de yaourt ? bah tant pis, il va se mettre à la compote de pommes.
c’est super bon, en plus, la compote de pommes.
avec un peu de cannelle.



il est sorti du bureau sur les coups de quatorze ou quinze heures, il sait plus trop. mais il sait qu’il était content. et qu’il avait faim, aussi.
eeeet qui’il avait oublié de rendre des documents administratifs au bureau du personnel.
flutte.
il est déjà de l’autre côté du passage piéton, alors en attendant que le bonhomme passe au vert, il fouille dans sa sacoche histoire de sortir ce qu’il faut tout de suite.
mais faut dire, c’est un bordel sans nom dans son étui de cuir. y a tout qui se croise et qui se froisse.
il sort un petit tas de papiers pour mieux fouiller, mais c’est le moment qu’a choisi un type en costume, un café brûlant à la main pour le bousculer. il dit pardon, l’imbécile heureux, se confond en excuse. mais avec le choc et la bourrasque de vent, y a des papiers qui s’envolent. il les reconnaîtrait entre milles, ces deux prospectus. un fond noir, des traces de griffes et un affreux assemblage photo mi-homme mi-chat.
ses billets pour cats.
- oh non ! non ! non
il s’enflamme d’un coup, se met à paniquer et à poursuivre les papiers volants qui prennent la malle. ils tentent de se tirer de l’autre côté de la route, mais c’est sous estimer la vitesse de pointe que peuvent atteindre ses longues perches de jambes.
il a le sourire plus grand encore quand ses doigts se referment sur son précieux.
il est là, debout au milieu de la route, l’air d’un con.

et puis, sorti de nul part, y a un bus qui se pointe. le numéro 63, celui qu’il prend parfois, pour aller manger à l’indien deux pâtés de maisons plus loin. les pneus crissent, les freins fument.
mais ça suffit pas.



il sait toujours pas quelle heure il est, quand il se réveille. il a un vague souvenir étrange des dernières heures. d’abord y avait un choc avec un truc tout dur et qui faisait du bruit et de la lumière. il se demande s’il a pas foncé dans une boule disco géante.
puis après, ça sentait fort le métal, et l’alcool, et y avait toujours beaucoup de lumière. peut-être qu’il est allé en boîte ?
mais maintenant, y a plus de bruit, c’est tout blanc et il est nu comme un ver sous une chemise d’hôpital.
c’était peut-être pas une sortie au joy of the void, finalement.
il laisse pousser un soupire et referme les yeux.
il se demande s’il a toujours les places pour la comédie musicale quand il entend la porte s’ouvrir.
il l’entend parler, lui. steve.
oh c’est marrant. qu’est-ce qu’il fait là, lui ? l’a pas école, le gamin ?
Il garde les yeux fermés. A l’entendre se plaindre comme une bécasse en rade de larves à bégueter, boyd se dit qu’il doit le croire à l’article de la mort.
il va lui faire la surprise. hihihihihi.

il entend son corps s’affaler sur une chaise -ou peut-être sur une poubelle bien pleine, il sait pas trop reconnaître les bruits. il ouvre une paupière.
oui, c’est bien steven, la tête en arrière qui essaie de se calmer.
il a l’air d’avoir couru. boyd espère que c’est pas parce qu’il a raté le bus.
quoique, ce serait assez cocasse.

mais ça le fait chier un peu, de voir son fillot dans cet état.

- et toi, grand-mère elle t’a pas assez répété qu’il faut pas dire de gros mots ?

il articule. il essaie de se relever un peu sur son oreiller, mais il réalise à peine qu’il a un bras plâtré. petite grimace qui fend son visage. ça lui apprendra à avoir laissé tomber les cours de step.

- fais pas cette tête steve, ça pourrait être pire. j’aurais pu mourir, ou pire ! perdre mes cheveux.

il sait pas comment ce serait possible, mais depuis qu’il a vu un reportage sur nbc à propos de types atteints de maladies bizarres qu’on appelle le cancer, il prend des précautions. il tient trop à sa tignasse.

- t’as une tête à faire peur un peu, steve. t’es sûr que c’est pas toi qui s’est pris un bus en pleine tronche ?

date du rp › 25 janvier
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au moins ça respire, au moins ça continue de vivre, c'est qu'un peu bousillé, le genre de fêlures qui se retapent avec un peu de colle et du maquillage, ça passe inaperçu jusqu'à ce que plus personne fasse gaffe. il ferait presque poupée tombée de son étagère déjà branlante, poussiéreuse aussi, qu'à un moment donné ça pouvait pas en être autrement, que forcément la jolie robe en froufrous allait être flinguée, qu'elle allait se reposer avec les déchets invisibles dans le coin de la chambre. n'empêche que ça a fait assez de bruit pour être remarqué, qu'elle a pas été laissée, rongée par les araignées et les quelques vers affamés. il essaie encore de mieux respirer, ça s'apaise à un moment donné, c'est même pas que ça le fait sursauter quand la voix se met à vrombir - c'est qu'il est pas assez concentré, steve, pour se focaliser sur la forme de la phrase, sur ce qu'elle veut dire. l'était déjà prêt à se renseigner pour un cercueil de sa taille, qui coûterait deux bras et au moins une jambe dans le lot, à choisir la musique adéquate pour lui faire un enterrement digne de ce nom. s'il avait été l'épouse éplorée, sa main aurait fait un aller sans retour contre sa joue. il papillonne des cils, fronce les sourcils.

- qu-qu-quoi ?
- att-

cherche dans les poumons la force de s'y retrouver, il secoue la tête, les coudes calés contre ses cuisses, y'a sa main qui vient se nicher dans sa tignasse. il sait pas ce qu'il cherche dans son esprit, sans doute la lumière - l'ampoule est grillée, ça sert à rien de chercher.

- t'es - t'es vraiment con hein ?
- putain.

ça sort tout seul. c'est qu'il est sur les nerfs et que y'a que la peur qui prend possession de l'horreur. il tourne les yeux, grince des dents.

- j'étais pas loin d'tomber en courant dans les couloirs,
- c'est vrai.

silence.

- t'aurais - t'aurais pas pu te contenter d'un vélo,
- n-non, nooon,
- faut qu'ce soit un bus.

date du rp › 25 janvier
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l’a pas encore les idées toutes claires, le boyd. c’est que ça vacille encore pas mal là haut, c’est qu’y a pas encore tous les neurones qui se touchent. (déjà qu’il en pas tellement)
c’est aussi qu’y a encore la morphine qui fait effet, un peu. des vapeurs pas encore estompées qui serpentent le long de ses veines. il la verra presque courir le long de ses entrelacs bleus s’il avait pas le bras pris dans un plâtre plus solide que le mur de l’empire state building.
ça va être marrant les prochaines semaines pour cuisiner. il peut oublier l’idée de faire sa fameuse quiche au thon pour le dimanche suivant.
le point positif, c’est qu’on va pouvoir faire de son bras une oeuvre d’art.
il pourra se la péter avec un autographe de steve.
enfin, encore plus que d’habitude, quoi.


il le regarde d’ailleurs, de ses petits yeux battus par la fatigue et l’antidouleur. il a sûrement l’air béat, le visage un peu con-con, boyd. faut qu’il en profite, la gueule de premier de cordée disparaîtra sûrement avec les effets de la perf.
c’est beaucoup moins beau, un banks qui a mal. ça ressemble un peu à un raton laveur qu’a passé sous deux trains de fret avant de se faire rincer par une tornade.
il rit sous sa cape en y pensant. ça lui rappelle drôlement sa petite cousine au troisième degré, stacy, quand elle se fait larguer par n’importe quel lourdeau de la boîte d’avocats dans laquelle elle bosse.

- voyons steven, tu me connais à force.

ça le fait sourire, boyd. le petit l’est venu jusqu’à son lit de non-mort comme une furie en plein sprint. ça lui réchauffe le coeur, boyd. et pis c’est drôle aussi. après des années passées à lui dire de finir ses brocolis pour qu’il soit grand (oups) et lui rappeler de se brosser les dents avant d’aller au lit, maintenant c’est le cadet qui vient recadrer l’aîné.
encore que,
à bien y réfléchir,
il l’a toujours fait, finalement.
lui poser des limites, lui fixer des repères, un bitte (haha) d’amarrage à laquelle se raccrocher dans le brouillard.

- tu sais très bien que quitte à mourir, je le ferais avec panache.
- avoue, ça a vachement plus de gueule de se prendre un bus ?

petit air goguenard qui prend le dessus. il sait plus trop qui est l’adulte du gamin dans la pièce. personne sait vraiment, sans doute.

- dis, tu pourrais me passer mon sac ? j’y vois pas grand chose, sans mes lunettes.

et puis, il faut quand même qu’il vérifie. ce serait con qu’après tout cette aventure, il ait perdu les billets.
surtout qu’il a hâte de voir la performance de l’actrice qui incarne grizabella, le chat le plus glamour de la pièce.

- au fait, t’as déjà quelque chose de prévu pour le mercredi 13 février ?

date du rp › 25 janvier
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y'a que ça manque de cohérence, que ça fait pas sens, que c'est pas à cause du coup de bus - mais bien plus. c'est que c'est à se dire qu'il a été bercé trop près du mur ou lancé trop proche du plafond, qu'il s'est ramassé sur la tête et que depuis y'a tout qui pète. y'a des mélanges dans les mots, y'a des phrases qui se bataillent entre elles pour avoir la victoire à porter d'épées. c'est qu'à l'accoutumée ça le ferait sourire, steve, mais dans l'immédiat il a pas le courage d'esquisser un rictus, seulement froncer les sourcils, pousser un soupir. l'en est limite à vouloir le mimer dans sa nonchalance niaise et inconsciente, l'en est limite à vouloir la boucler, bouder, se foutre dans un coin et pas lui causer jusqu'à ce qu'il se rende compte de sa faute titanesque. il tapote un peu du pied, hoche mollement la tête puis se penche pour choper le sac un peu plus loin, toujours dans un sale état - à croire qu'il l'a jamais changé depuis ses vingt ans.

- ju-justement, c'est parce que j'te connais que j'ai peur,
- et j'vais rien dire sur le bus, ça va m'énerver.

il pose l'accessoire sur le rebord du pieu, se mord franchement la langue avant de la relâcher, à trop lui en vouloir de buter sur les lettres comme un mauvais joueur de foot. il fait un peu craquer ses omoplates dans un mouvement à l'arrière puis il se met à réfléchir, alors que la réponse elle crève les yeux façon piques enfoncés pour proposer buffet à volonté aux corbeaux affamés.

- j'fais rien,
- p-p-pas que j'sache en tout cas.

l'a peur de la réponse, de la proposition qu'il va lui faire, c'est pas qu'il s'attend plus au cadeau, steve, c'est qu'il a la fâcheuse tendance, boyd, de prendre des insectes rampants pour des dons du seigneur. il a pas envie d'en avoir plein les paumes, de dégueuler de pattes minuscules et d'en prendre pour son grade, d'en avoir sous les vêtements et de plus pouvoir les retirer, que ça se faufile sous sa peau jusqu'à tout dévorer.

- tu vas rester combien d'temps ici ?