l'aventurier › gill

y'a des trous dans sa tête, y'a des bestioles qui volent et qui tapent du bec. y'a des éclairs dans ses yeux qui font une danse qui crache du feu. y'a trop à assimiler et pas assez de bon sens pour tout discerner. il a encore, colin, dans le fond de la gorge les restes de la galette faite au-dessus des chiottes la veille. il renifle, enfoncé dans son pouf d'un violet délavé, sa main droite s'écrase sur son front - dans son pieu y'a gill qui dort comme un loir, qu'a pas de soucis à se faire tant qu'elle reste dans le noir. claquement d'un rire sec en coin de lèvres, y se demande à la seconde comment il a fait pour rentrer entier, sans perdre son walkman qu'est au sol, pas loin de se faire écraser, avec sa guitare sur le dos et une gonzesse bourrée entre les pattes. il racle le fond de sa gorge, colin, y'a des remontées acides qui veulent se faire la malle mais il les ravale en même temps qu'il chope entre ses pattes un vieux plaid qui se trimbale quelques trous qu'il a jamais eu le courage de recoudre. y s'enroule dedans, se redresse mollement en menaçant de se bouffer un meuble - ce serait con qu'elle le retrouve, gill, la tête éclatée contre le coin d'un buffet. il la jauge franchement, il regarde attentivement, elle est lovée dans le fond du matelas, pourtant il suit le chemin de ses fringues qui sont éclatés au sol, elle a tout dégagé sauf la culotte, sauf le soutif, sauf ce qu'aurait pu lui filer le doute. frisson qui se dégage de son cou, tignasse dégueulasse qui vient défier la gravité quand il passe quelques doigts dedans, il file dans la pièce à côté, colin, il cherche de quoi faire du réveil une tarte dans la gueule, y'a les effluves du café qui viennent rapidement lui chatouiller le pif. y surveille du coin de l'oeil qu'elle sorte pas trop vite de son jardin de rêves, il sourit un peu.

c'est qu'il a que des bribes qui viennent squatter sur le canapé crevé de sa pensée, c'est qu'il jurerait avoir fait le con sur scène, c'est qu'il jurerait même avoir embarqué une tripotée dans un bar et que ça s'est murgé. y'a son estomac qui beugle des plaintes, pas loin de prendre le combiné en plastique pour appeler la flicaille pour maltraitance. il se marre, colin, laisse la tasse fumer et c'est qu'il en bat des cils à chercher les détails qui sont pas à oublier. elle a quelques mèches dans la tronche, la gill, elle est vachement pâle, la gill, n'empêche que s'il avait un crayon, il saurait redessiner le coin de sa bouche quand elle y laisse glisser un rictus, ça patauge dans des pétales oranges qui finissent parfois jaunes. l'a l'air con à se la jouer contemplation. l'a l'air con tout court, avec ses cernes de quinze mètres à essayer de se donner des allures de bon gars frais des jours d'été. puis ça sonne, puis il décroche, le téléphone rouge coincé dans le petit couloir, y'a sa mère au bout du fil qui glousse façon dinde farcie.

- ouais - ouais bonne année à toi aussi -
- ouais - non mais -
- ça va ça va - écoute j'ai -
- ouais c'est bien - mais j'ai pas l't-
- j'te jure que j'ai pas l'temps -
- c'est ça -
- j'viendrais quand j'pourrais, promis.
- oui oui.
- bisous.

raccroche, pousse un lourd soupir. année à venir, vagues souvenirs. au vol il prend sa tasse, retourne se poser sur le sol cette fois. il inspire profondément, cale son dos contre le mur - c'est qu'il a l'idée foireuse du baiser façon belle au bois dormant, c'est qu'il la retient. y'a pas de fierté à la jouer voleur de lèvres.

sous l'château d'couvertures et de draps s'cache une poupée d'chiffon aux jambes lacérées par l'pogo déchaîné et aux bras dégommés par des étreintes qui pulvérisent les os. y a plus que d'la mousse dans son cerveau. caboche trouée par l'shoot des souvenirs qui la percutent de tant à autre. on r'vit l'adrénaline. on r'vit la joie et les sourires. on r'vit les fous rires. on r'vit son sourire. et puis l'acide. l'acide qui r'monte, qui r'descend, qui fait des vas et viens écœurants. ça brûle le bide. ça brûle la langue et l’œsophage. l'envie de dégueuler au bout des lèvres, mais l'corps qui dit niet. qui bouge un peu, limite pour rassurer la tête. r'garde, t'es toujours vivante, t'as tes deux bras et tes deux jambes. gilly elle est toute cassée. désarticulée et p't'être même encore un peu bourrée. mais pas d'l'ivresse qui fait danser les sens et l'palpitant. celle qui donne envie d'se noyer dans une baignoire d'eau glacée, histoire d'tout réveiller. d'remettre les pendules et les coucous du cœur sur on. gilly elle douille sa race. ouais. elle douille sa race. ça r'vient. un peu plus clairement. l'nouvel an. taby. taby et ses idées de merde. colin. colin et ses sourires qui donnent envie d'suivre les idées d'merde. le concert. la foule. la sueur, les tympans qui explosent et l'cœur qui implose. et colin. colin. colin et sa gratte, colin et ses solos, colin et ses cheveux, ses yeux, ses lèvres, sa voix. juste colin. colin l'idée d'merde qu'elle serait prête à suivre au bout du monde. l'idée d'merde qui fait naître, au creux du cou, des milliers de frissons, des centaines de papillons et dans l'fond d'la poitrine des bruits d'avion à réaction. colin cette idée d'merde qui fait tomber la nuit et lever les étoiles filantes au coin des yeux.

mais y a plus d'étoiles. l'jour est levé d'puis un bail et il reste plus qu'la gueule de traviole des jours de cuite. quelle merde. puis la honte, quoi. gilly fait semblant de dodo quand elle entend colin revenir après un appel des plus rigolos. sa daronne à elle aussi doit s'demander c'qu'elle peut bien foutre. whatever. les paupières s'ouvrent, bien qu'on peut parler d'rideaux d'fer tant elles sont lourdes, quand l'odeur du café vient chatouiller la narine de la paresseuse. elle s'relève tant bien qu'mal dans le lit, casse son château fort, casse sa dernière armure qui la protège d'la shame qu'elle ressent jusque dans ses côtes. elle s'tient la tête, baissée, évite d'soutenir le r'gard. elle a perdu d'avance. avec colin elle gagne jamais. no fair.

-...hey, t-t'as une idée d'quelle heure il est...? elle frotte ses yeux. dans l'flou. dans l'mou. pour apercevoir mamie colin dans son p'tit plaid, tout penaud, qui la r'garde l'air de rien.
et puis elle s'rend compte qu'elle est à oilp. ou presque. la honte, quoi. elle s'couvre avec un drap. puis abandonne l'idée. c'est déjà trop tard t'façon. y a plus l'temps d'planquer l'cadavre. elle espère juste, les joues rouges, qu'il est pas trop déçu du paysage. on sait tous qu'un tournesol ça a moins d'gueule qu'une rose. surtout quand il porte qu'une culotte mickey mouse et un soutif bouffé par les mythes.
- p'tain... j'suis désolée de t'avoir piqué ton lit. encore. grimace.
- tu t'sens comment toi ? j'ai l'impression d'avoir un hérisson qui fait son nid dans mon estomac. une main passe dans ses ch'veux qui sentent le tabac froid. elle s'lève enfin. elle se sent pas bien. nue. comme ça. elle s'enroule dans un drap avant d'aller s'poser à côté d'son rockeur fracassé. un soupir s'échappe d'entre ses lèvres gercées alors qu'elle joue avec ses ongles abîmés.
- tu crois que j'peux t'piquer un peu d'café ? sourire. elle le fixe, les yeux vitreux, la bouche pâteuse et les émotions engourdies. il est beau ce con, qu'elle se dit, gilly. il est beau même la gueule dans l'brouillard et les ch'veux sales. ça l'énerve un peu, des fois. ça l'énerve d'vouloir constamment s'lover dans ses bras pour profiter d'un big love qu'elle comprend même pas.
- sacrée... soirée, nuit ?... rire. tu t'souviens de beaucoup d'trucs, toi ? d'ailleurs... t'aurais pas vu mon t-shirt ? rire nerveux. elle s'rappelle maintenant qu'la situation était ankward pour elle. d'puis les histoires de je t'aime. des histoires de je t'aime tombés dans l'vent. elle sait pas trop, gill. elle espère qu'ça s'voit pas trop, qu'elle est accro. accrochée à ses cordes de guitares, pétales qui s'cachent dans ses poches de ch'mise et dans ses poches de d'jean.
- c'était c-cool quand même !... de te- de vous voir sur scène.

les joues roses. elle s'laisse aller contre le mur et rentre en contact avec l'épaule de colin, dissimulée sous l'plaid. panique. s'dit qu'il est trop près. mais laisse tomber. parce qu'elle aime qu'il soit trop près. colin. elle veut qu'il soit encore plus près. se mord la lèvre, gamine.

c'est qu'il a tout pour mater, mais lui il fait que tourner de ses yeux pour pas la jouer vioc en manque qui reluque les gamines dans le métro. inspiration profonde, pif noyé dans le café, il boit la première gorgée et pousse un soupir qui se rapproche du satisfait. ça continue de jouer de la gratte électrique dans sa tête et ça lui fout des rayons lumineux de quoi lui rappeler les extraterrestres qui cherchent des carcasses où fourrer des sondes. il ferme un peu les paupières, colin, se retient de bailler et se met à ricaner quand elle l'ouvre, gill. elle a la voix pétée, ça ressemble à des clous rouillés balancés dans une machine à laver. il tapote un peu des pieds, l'écoute sans la couper - c'est pas poli y paraît.

- c'pas grave, j'pense déménager sur c'pouf d'toute manière,
- j'y dors limite mieux.

silence, il fait craquer ses omoplates dans un mouvement léger. il la regarde un peu, alors qu'elle cale sa tête contre son épaule, ça donne une image chiquée des idéalistes qui se mettent à trop penser.

- tes fringues sont au sol donc... donc...
- soit j'fouille soit tu fouilles,
- mais pas tout d'suite, j'ai les jambes -
- c'est d'la g'lée,
- la dernière fois qu'j'ai été bourré comme ça -
- pff, ça date.

il lui tend la tasse sans broncher, à la laisser au moins trouver de quoi se réveiller. il laisse l'arrière de son crâne s'écraser contre le mur, pousse un soupir qu'a des relents amers.

- bonne année, hein.

il se permet, colin, de la jouer à la manière des lovers du kmart, passe sa paluche derrière sa nuque, la laisse glisser dans sa tignasse pour s'y nicher. il en fait rien. il s'y raccroche seulement, genre de bout de fil qui le maintient pour pas se retrouver encore une fois la tronche contre le parquet grinçant. y'a bien sa pensée qui se tire deux secondes, qu'essaie de rassembler les images, y se rend compte colin qu'à la base, c'était pas prévu. y se rend compte colin, qu'à la base, il aurait dû se ramener dans le club, y se rend compte colin, que gill elle a été la priorité là où elle aurait sans doute pas dû. froncement de sourcils, son autre main libre qui s'éclate contre son front, pousse un soupir.

- putaaain d'merde.

c'est qu'il le voit déjà, brandon, avec sa tronche outrée à lui fermer la porte au nez, à lui faire un doigt d'honneur dépité. renifle un peu, colin, se dit qu'il a besoin d'une douche ou de juste crever - l'est pas sûr. il caresse les cheveux du bout des doigts, au moins y'a un peu de beau juste là.

lui aussi il est dans un état minable, colin. au moins ils sont pathétiques à deux qu'elle s'dit, gilly. elle accepte avec un soupir d'soulagement la tasse de café à laquelle elle assène l'dernier coup qui la termine. vide. la pose dans un coin, laissée pour morte. l'boom boom pétille, accélère la cadence, quand elle sent la main du musicos dans ses veuch. elle a envie d'lui dire qu'ils sont crades et qu'il devrait pas foutre sa main là dedans, mais l'égoïsme d'la romance juvénile l'emporte sur sa prévention. puis bon. faut admettre qu'il est pas clean non plus colin. une douche serait pas du luxe pour rincer tout ça, mais faudrait au moins d'la javelle pour laver leurs estomacs.

- ouais... t'inquiètes, j'vais fouiller. l'sourire écorche ses lèvres quand elle imagine colin avec deux blobs à la place des guibolles.
- j'sais pas c'qui m'a pris. c'est vrai qu'on a un peu abusé. rigole.

elle s'laisse emporter par l'moment. presque trop doux, trop tendre. si taby était là elle se foutrait franchement d'sa tronche. qu'à c'train là elle risquait pas d'tirer son coup et qu'il finirait par s'casser l'guitariste. dans les bras d'une autre. d'une meuf qui sait c'qu'elle fait. qui rêve pas la vie en rose, mais plutôt en noir et blanc.

- ...bonne année, colin... sourire. niais. elle a l'rêve qu'le rêve s'arrête jamais. puis p't'être que tabatha a raison, p't'être que c'est son keum. il passe l'nouvel an avec elle après tout. l'boom boom elle l'écrase un peu au fond d'la poitrine pour l'faire taire. elle a pas envie tout foutre en l'air. puis elle en sait rien. p't'être c'est juste des amis qui s'aiment ~~plus~~ que bien. sursaute quand l'grand gamin peste. malgré l'bout des doigts qui traînent.

- qu'est-ce que t'as ? tu fais une sale tête. fronce les sourcils. l'fixe.
- si- si j'dérange, ou euh. ou que t'es occupé, j'peux y aller, hein. elle sent d'jà la déception monter à sa gorge, barbelé qui s'enroule autour du cœur.
- j'ai pas envie de m'imposer... c'est déjà cool que tu m'laisse dormir chez toi. s'écarte d'lui et sent d'jà l'vide froid qu'ça laisse au fond d'soi. s'fout à quatre pattes pour r'trouvre les vestiges d'la veille, son t-shirt (enfin celui d'taby, ça s'voit, elle flotte à certains endroits) factory, son jean tâché et ses godasses. s'rend compte que son genou droit s'est bouffé un sale coup, car on dirait qu'l'univers a décidé d'chier une galaxie dessus.

- merde... j'ai du me casser la gueule. s'parle à elle-même. enfile son t-shirt et reporte son attention sur colin. colin qu'elle veut pas laisser. l'idée d'le prendre dans ses bras, d'le serrer fort comme on serre les personnes qu'on aime, viens s'nicher dans sa tête. mais elle peut pas. elle a pas l'culot. pas les tripes pour ça. elle préfère croiser les bras.

- t'as- euh. des trucs de prévus aujourd'hui ? s'pince la lèvre inférieure. sait pas si elle doit s'poser sur le lit ou décamper direct, la boule au ventre. reste plantée là comme une conne. gilly elle se sent un peu conne, là. à graviter autour d'colin la comète jaune va finir par se péter la gueule. mais c'est p't'être ça qu'elle attend; la chute.

elle nage dans ses fringues, gill, elle fait poisson dans bocal qui tourne en rond, qui laisse des vides là où elle peut pas se caler, qui se paume dans les pauvres cailloux au fond tout au fond. claquement d'un sourire qu'il reste alors que le coeur palpite peu à peu en prenant l'allure d'une locomotive blindée de charbons, il inspire profondément, écoute silencieusement et pense aux éventualités d'un pardon venant du roi des nuits courtes dont les journées se résument à enfiler des beaux costumes pour garer des bagnoles de luxe à upper east side. lèvre inférieure mordue, pincée, c'est qu'il l'arracherait presque en essayant de trouver des alternatives outre se mettre à ses pieds et à promettre une allégeance éternelle. l'idée le fait marrer, et sans gill dans les parages, l'aurait l'air de la grand-mère au chat qui se claque des barres en se souvenant de ses années perdues.

- un sale mal de tête, t'inquiètes -

il baille.

- tu t'es bien taulée même, ouais, en essayant d'passer la barre du métro,
- en sautant, t'as sauté bien haut c'la dit, mais t'es tombée bien bas.

claquement d'un clin d'oeil fatigué, il étire ses bras dans un mouvement las. c'est qu'il y songe, colin, à se refoutre au pieu pour prendre l'allure d'un ours en pleine hibernation. il tait l'envie, reste sous son plaid à y chercher la chaleur perdue durant la nuit, maintenant que y'a plus l'alcool pour le rassurer, lui dire que la vie est aussi belle qu'un rosier.

- hmm.
- pas grand-chose.
- j'comptais pas bouger ici, 'fin si juste pour aller dans l'videoclub du coin,
- choper une ou deux cassettes,
- végéter d'vant.

à pas savoir à l'avance s'il se tournera vers un tueur ou une entité venue de l'espace, il fait pianoter ses doigts au sol.

- tu peux rester, s'tu veux,
- j'compte pas te foutre dehors.

il se redresse colin, fait bouger ses guibolles avec difficulté, c'est qu'il se sent croulant ou au moins disloqué. il s'approche du chauffage au gaz, froid, tourne la mollette en cherchant pas le plus haut ni le plus bas - n'empêche que les nombres sont effacés, que ça aide pas.

- c'est quoi tes nouvelles résolutions ?
- outre le
- j'arrête de m'bourrer la gueule c'est promis.

ça s'laisse tomber sur le lit, les rotules qui lâchent. l'soupir du soulagement au creux du rictus. elle peut rester, qu'il a dit. elle préfère zapper l'moment où il lui rappelle, avec ses yeux d'lutin d'la forêt des merveilles, à quel point elle s'est viandée. elle préfère zapper, pas y penser. elle a d'jà assez la loose comme ça. faut pas croire, mais elle aime bien avoir d'la dignité aussi, gilly. et s'imaginer s'tauler devant son crush, ça pique un peu. alors elle zappe, change de chaîne et préfère s'dire qu'au moins il est ok pour qu'elle reste. est-ce que ça veut dire qu'il veut que j'reste ? qu'elle s'demande la fleur fanée. faut dire qu'elle a pas beaucoup vu l'soleil, elle et ses pétales fripés. ou qu'il s'en tape ? qu'elle s'demande la gamine. elle s'masse les tempes distraitement, fixe le plafond, épave sur le lit, algue échouée sur une plage de canettes de bières et de mégots d'gitanes. l'crâne hurle un peu aussi chez elle. l'insulte de pute de lui avoir fait perdre, encore, trop d'neurones. va finir par plier bagage, s'mettre en stand-by. si l'boom bomm pouvait fair la même, ça serait plus simple.

- j'ai mal au crâne aussi. rire.
- j'pense que ça va être difficile d'arrêter de me bourrer la gueule si je continue de te suivre. facepalm. enfin. euh. pas que tu sois coupable, ni rien. se mord la lèvre. cruche.
continue d'fixer l'plafond pour réfléchir. enfin, si capacité d'réflexion il reste. bat des pieds dans l'vide.
- aprèèèès... j'sais pas. j'aime pas faire des promesses que j'vais peut-être pas pouvoir tenir.
- j'trouve ça naze. renifle. r'monte son t'shirt pour voir les tâches qu'elle a foutu d'ssus. taby va la buter. elle s'imagine d'jà devoir la supplier à g'noux, la princesse du bitume, pour s'faire pardonner. lui payer un coup. et lui en re payer un parce qu'vu qu'elle aura pas tiré son coup elle d'vra s'excuser une énième fois. gilly elle sait pas si elle doit pleurer ou rire à l'idée d'revoir tabatha.

-...être plus honnête peut-être... soupir. menteuse. y a qu'l'alcool qui aide. qui aide à dire les choses. celles qui gênent. celles qui font l'bonheur ou au contraire la tristesse.
- et toi ? t'as des bonnes résolutions ?
- hormis devenir le plus grand rockeur de tous les temps. rigole. même si elle sait qu'il y arrivera. pas objective la gamine. wathever.

elle s'relève pour pouvoir l'regarder. toujours dans son plaid de mémé, à s'frotter au radiateur comme un chat qui s'trimballerait des trous dans l'pelage. sourire. laisse échapper un rire.

- j'suis chaud pour louer des cassettes.
- tu penses quoi d'la p'tite maison dans la prairie, mamie coco ? rire. c'rare quand elle s'moque gill. surtout d'colin. ça l'intimide. c'est peut-être l'reste d'alcool qui l'aide à s'délier la langue. ou l'intimité d'la chambre en bordel.

- on devrait prendre une douche avant.
- enfin. tu- tu devrais prendre une douche et j- j'en prendrais une après, bien sûr. s'laisse retomber sa tête sur lit. se mord la lèvre. joues rouges. fixe le plafond à nouveau. compte les araignées. tout pour éviter d'recroiser. d'recroiser ses yeux de ~~beau~~ lutin encore une fois.

elle se casse la gueule, gill, elle a le chic pour se prendre les pieds dans les veines de son coeur gonflé, de pas forcément prévoir le coup et de finir avec une égratignure sur le menton ou même sur la joue. y'a de quoi avoir la mine qui se déforme par l'éclat de rire ou l'attendrissement similaire face à un chaton qu'apprend à bien marcher sans se prendre le canapé. la gorge raclée, il se retourne, colin, essaie de se faire le chemin dans son esprit jusqu'au videoclub sans se perdre, avoir le minimum de logique qui découle de la masse miasmatique qui lui sert de cerveau liquéfié. inspiration profonde, paupières qui se ferment sous la douleur, l'est même pas sûr d'avoir de quoi le rendre heureux dans la boîte à pharmacie - faudrait qu'il vérifie, en attendant il reste figé, se sent statuette de glace qu'attend quelques rayons pour se mettre à cracher sa flotte.

- j'sais pas.
- j'évite de trop en faire, j'sais pas les tenir,
- c'pas faute d'essayer hein, mais - ouais, l'oubli.
- mais sinooon, pff, j'sais pas.

il renifle un peu, se love à peine plus dans son plaid en baillant jusqu'à se décrocher sa mâchoire, qu'elle lance un crac significatif et qu'il peste intérieurement d'ouvrir bien trop sa gueule.

- m'jeter un peu plus comme un malade sur scène -
- être moins con p'tête.

ça fait l'effet boomerang, ça revient comme un jingle d'ascenseur.

- j'sais pas.
- bref.

haussement d'épaules qui réchauffe vaguement sa carcasse laissée à l'abandon sur une piste où les patins à glace se battent en duel, il papillonne des cils et ricane à nouveau. ça devient presque une marque de fabrique, un genre d'abus de pas savoir franchement se mettre en deux ou de juste rien faire.

- j'suis plus genre -
- gremlins ou massacre à la tronçonneuse, tu vois ?
- mais si la ingalls qui court dans les champs c'ton truc, j'juge pas.

il se ramène, se rapproche, fout un bordel de noeuds dans les cheveux de la gill, voudrait presque y rester, se maintient à préférer jouer l'hôte pas trop mauvais sous plusieurs angles. il se faufile dans la salle de bain, cherche dans un placard des restes de médocs encore avalables. y'a rien qui vaille vraiment le coup, que des survivants pour les maux de bide ou les dégueulis soudains. encore un peu, juste assez pour tomber sur le bon paquet - y reste trois cachets. y revient dans la chambre, colin, balance sur le matelas le produit du divin sans l'auréole pour plus de théâtralité.

- tiens, pour ta tête.
- ou c'qui en reste.

- ah. ah. ah. ben voyons. elle allait répliquer (avant qu'il la plante pour aller chercher d'quoi sauver leurs méninges cradosses.) qu'elle préfère d'loin les gerbes de sang des navets horrifiques qu'les jolies courses dans les champs, et qu'il le sait très bien le con. faut dire qu'les salles sombres ils connaissent à force d'y traîner. d'y laisser leurs ombres incrustées dans les sièges. elle se souvient, d'gill. la première fois qu'l'écran géant leur a éclaté la rétine. les mains moites et l'cœur en vrac. le scénario fait black out dans son esprit. la présence d'colin lui pompait l'attention, elle aurait pu passer une heure d'vant un monochrome blanc qu'elle se serait taillée d'la salle avec l'même sentiment. celui qui fait qu'on se sent bien. au chaud. c'lui qui donne l'impression qu'on aura plus jamais froid tant qu'ça reste. qu'ça s'coince. qu'il se coince dans l'thorax, écarte les os et les veines, pour y laisser sa trace. signature de quelques notes de guitare. pas d'quoi en faire un opéra, faut pas s'leurrer, mais au moins du punk qui fait bouger.

- merci.
- ça devrait faire l'affaire, j'pense. elle gobe l'cachet tout rond. dégueu. mais elle a plus les muscles pour aller s'chercher un verre d'eau.

- j'serais bien tentée par un p'tit cannibal holocaust.
- ça permettra d'se dire qu'il y a quand même pire qu'une gueule de bois. rire. gilly elle tente de démêler ses veuch. abandonne. faut dire qu'le colin il a pas arranger les choses. à s'demander si un jour elle s'ra présentable d'vant lui. elle est pas coquette la p'tiotte, pour quelqu'un qui bosse dans la mode. faut dire qu'elle a toujours préféré habiller les autres qu'son corps de rien. trop plat, trop d'lignes. pas assez d'ondulations. un corps de gamine.

- après les gremlins ça m'va aussi.
- enfin. comme tu veux.
- va juste falloir trouver la force de bouger. soupir. la tête s'calme, mais les hauts l'cœur persistent. plus l'temps passe et plus l'envie d'se rouler en boule dans un coin en attendant la fin lui semble pas si terrible.

- bon.
- si ça continue, j'vais finir greffée au lit. elle se lève. non sans manquer d'retomber sur le pieu. s'approche de colin et tend sa mimine.

- on abandonne le plaid mémé. l'sourire en coin qui s'amuse à fleurir. instant précieux. fleur qui pousse rarement, voire qu'une fois par an.
- et on discute pas.
- non, non.

elle fait non d'la tête, gilly. s'donne des airs pseudos autoritaires. mais ça marche jamais. même avec ses deux frères. faut dire qu'il y pas grand monde qui craindrait les foudres d'un hamster. même si elle est plutôt souris, gilly.

- puis moi aussi j'veux m'enrouler dedans.
- mais ça peut attendre le film.

il rejoint le mouvement sans se faire prier, direct dans le gosier à suivre les restes de la veille, d'alcool flottant et de bouffe dont il se souvient même pas l'origine. il se laisse un peu bercer, colin, il a le pif penché au-dessus de la fleur et il hume ce qu'il peut, il essaie d'y comprendre le parfum pas toujours compréhensible, même pas très fort. le genre de fleur qui se fait écraser par les pompes crasseuses d'un gosse ingrat, pour autant il a pas le courage de la cueillir et la foutre dans un vase en porcelaine pour l'admirer chaque jour. il la laisse là où elle est, regarde avec la même attention qu'un clébard qui attend que la balle soit enfin lancée dans l'océan. elle vient chercher son plaid pour le pousser à sortir de sa zone de confort, enfin mettre un pied dehors, se donner le courage de bouger son cul dehors et y trouver le film d'horreur un peu trop désiré - c'est qu'il la voyait pas s'adonner à des trips cannibales, la gill, c'est qu'il la voyait pas tout court être adepte du gore, des nerfs qui pendouillent et des dents arrachées à la pince.

- oh j'discute pas,
- j'oserais pas r'mettre en question ton autorité,
- j'voudrais pas m'attirer tes foudres en pleine poire.

claquement d'un clin d'oeil pour la forme, presque un tic qui déforme les réalités, il retire le surplus chauffé pour le caler entre ses doigts fins, d'une couturière qu'est vouée à servir le café en attendant un miracle. pousse un soupir léger, son tee-shirt tire la tronche alors il le bazarde, le laisse à même le parquet, fait quelques pas à peine, ouvre sa commode et en tire un pull rayé rouge et noir qu'il enfile en deux-deux. tignasse bordélique, devenue presque électrique à force de morfler sous ses éternels gestes, il siffle.

- à propos, faudra que j'te présente quelqu'un,
- ça t'changera j'pense des grues qui t'servent de cheftaines.
- c'est quelqu'un qu'j'aime vraiment bien,

beaucoup trop.

- pareil que toi.

beaucoup trop.

pas plus pas moins, ça fait la même crevasse au fond du coeur et ça y laisse quelques fils pour retaper un minimum à défaut d'acheter une glue dans la supérette du coin. il se penche, attrape ses pompes qu'il enfile rapidement sans se donner la peine de faire des lacets.

- si t'es d'accord, j'veux pas t'forcer,
- mais ça pourrait être vraiment cool.

un temps.

- 'fin bref,
- j'prendrais la douche après.
- cannibal holocaust, t'es sûre ?

elle détourne les yeux rapidement quand il enlève son t-shirt. elle le mate d'jà assez pendant les concerts, pas la peine d'être lourde qu'elle s'dit la gilly. elle en a marre d'jouer les groupies. c'pas taby, elle est pas comme ça. c'pas son truc de fantasmer sur les artistes. à part sting, parce qu'il a une voix d'bâtard, faut bien l'dire. l'genre de voix qui fait naître l'tonnerre dans l'âme et la pluie dans les yeux. elle récupère l'plaid et l'balance sur le lit. essayant d'le mettre bien. assez bien pour qu'le lit paraisse presque fait. presque. elle commence à enfiler ses godasses, mais la gamine r'lève la tête vers l'rockeur. les yeux plein d'étoiles; les mêmes gommettes fluorescentes qu'on colle d'habitude dans la chambres des bébés. bas de gamme, rien à voir avec la voie lactée, mais qui sont quand même animées d'ce désir d'briller. illuminer les nuits trop sombres qui font pleurer ceux qui ont peur du noir.

- ah... ah bon ? elle s'empêche d'lâcher la question qui lui fait trembler l'cœur. comment ça, pareil que moi ? mais elle ose pas. peur d'la réponse. elle se suffit d'la demande. gill elle s'fait des films bourrés d'champs de tournesols, l'soleil brille et les oiseaux piaillent. elle s'imagine qu'il la ramène dans sa vie. rencontrer sa daronne p't'être. son daron ? les gloutons papillons dévorent son estomac, n'en laissent pas une miette, et s'attaquent à son boom boom qui fait boule à facette. puis elle s'lève d'un coup. comme à nouveau vivante, le rose aux joues, un bouquet d'fleurs en traviole du visage.

- euh. ouais, ben- ben grave !
- j'suis partante.
- quand tu veux.

les yeux badoit et les mains qui serrent son t-shirt. scène d'une gamine a qui on a juré d'faire rencontrer son destin. ou l'père noël. elle s'imagine d'jà c'qu'elle va porter. un truc casu, mais pas trop, pour avoir l'air bien quand même. au moins assez bien. elle r'tourne enfiler ses godasses, en sifflant du edith piaf. à croire qu'la gueule de bois était jamais arrivée. à croire que tout était oublié, sauf l'bonheur. et il arrive tellement pas souvent l'bonheur, qu'il faut faire attention à lui. bien l’accueillir et lui proposer d'rester pour la nuit. puis toutes si possible. mais l'bonheur est très occupé. il r'gardera dans son planning chargé, il a arrive déjà pas à caser plus d'la moitié du monde.

- et ouais, de ouf pour cannibal holocaust !
- tu vas voir il est-. yeux ronds.
- et meeeeeeeerde... elle s'plaque la main contre le front. les cons. mais quels cons qu'elle s'dit la gamine. à zapper qu'c'est le premier janvier et qu'il y a sûrement pas âme qui vive, là, dehors. tous cachés dans leurs nids. à bien manger, bien décuver et surtout bien dormir.

- j'avais oublié qu'on était le premier janvier...
- j'crois que c'est mort pour le vidéoclub, colin. s'mord la lèvre. le r'garde. hésitante.

- tu... veux qu'on fasse autre chose ? elle abandonne l'idée d'mettre ses shoes. s'met en tailleur sur l'pieu. pensive. pensées qui s'raccrochent aux branches du présent. colin et son pull rouge et noir. ça lui va bien. le rouge et le noir.
- t'as pas déjà des films sinon ?
- sinon on laisse tomber les cassettes... moue boudeuse. celle de l'enfant à qui on a retiré ses bonbons.

dehors il neige à gros flocons. pourtant l'tournesol à jamais poussé si haut.

il saurait pas dire exactement, colin, quels genres de films elle se fait dans sa tête. si ça décline à l'eau de rose ou si au contraire ça crache du sang façon purée de tomates à la figure. il est pas sûr. n'empêche qu'à en juger sa trogne qui change autant de couleur qu'un poisson à écailles argentées, il a quand même un doute sur la pente que ça peut bien prendre. l'est pas bien futé de vouloir faire se rencontrer deux météorites qui vont à une vitesse différente, l'est pas bien malin de vouloir faire cohabiter le soleil et la lune dans la même heure, la même atmosphère, y'aurait de quoi faire une éclipse à lui en crever les yeux. inspiration profonde, il y songe à peine deux secondes et y'a ses espoirs qui coulent le long de sa carcasse, il y pousse un soupir finalement - la grosse bouffée d'air aura pas été inutile. il se fige puis balance de nouveau ses pompes dans le vide, elles viennent heurter le mur, il cale ses paluches dans le fond de ses poches. y'a l'aigreur de la veille qui lui revient, la tête qui se remet à jouer le carrousel de mémé.

- on peut voir c'que j'ai, ouais,
- ça doit pas être incroyable mais -

il pose son cul au sol, quelques mètres plus loin, se met à farfouiller dans un meuble où sont rangés des vinyles, des cassettes audio mais aussi des cassettes classiques. il se remet à bailler, ça tape dans son estomac jusqu'à vouloir le transpercer, y se met à grimacer.

- ouais si, y'a d'quoi faire,
- putain.

il enroule ses bras autour de son bide, il rentre un peu sa tête vers l'intérieur et se met à grimacer. ça le lance subitement comme un dégueulis qu'a pas souhaité se pointer la veille - mais il se sent vide, colin, y'a que le café qu'aura eu l'illusion de le nourrir.

- sinon j'avoue j'sais pas trop quoi t'proposer,
- c'est pas trop la caverne d'ali baba ici, même si -
- en soi y'a plein d'conneries qui traînent.

faudrait qu'il range un de ces quatre.

- j'aaai shining, the thing, elephant man,
- kagemusha, the changeling,
- heu.

silence.
claquement de rire.

- beaucoup d'trucs qui puent la joie et la positivité.

l'corps et les os morflent à cause d'la fatigue. heureusement qu'les muscles peuvent pas pleurer sinon on entendrait ceux d'gill jusqu'à l'autre bout d'soho. mais l'esprit s'est tellement éclairci par la bande annonce que colin lui a teasé qu'elle s'en fout. elle fait pas gaffe. elle ignore. elle fait la sourde oreille, même si elle sait très bien qu'elle va douiller sa race au taff le lendemain. tant pis, qu'elle s'dit la gamine. elle servira l'café froid, qu'elle s'dit la gamine. puis qu'ils aillent se faire mettre, qu'elle râle intérieurement la gamine. même si elle sait qu'elle leur dira jamais en face. faut dire qu'elle a pas les moyens de s'faire virer. ça coûterait trop cher. à maman bass. à nana. aux frangins. puis ça serait con, après tout ça, d'se faire couper les doigts et plus jamais pouvoir tenir une aiguille. le velours lui manquerait trop.

elle s'relève gilly. bondit presque du lit pour aller auprès d'son prince charmant. lui aussi il douille sa race.

- laisse, je gère.
- va t'allonger, t'inquiètes j'ai-
- j'ai l'habitude d'm'occuper des mourants. rire. elle pose une main sur son épaule et lui indique le lit. elle pense à nana. elle se sent égoïste d'être là, un peu. d'pas être avec les siens. d'pas souhaiter bonne année à nana. elle s'demande parfois, l'temps d'une fraction d'seconde, si elle va finir par claquer. si elle sera là. à lui tenir la main. si elle est pas d'jà plus là depuis longtemps. s'il y a encore quelque chose, son âme, ou plus qu'un trou béant.

- shining c'est bien.
- même si c'pas mon préféré et que j'trouve kubrick sur-côté, mais-
- ça fera l'affaire.

elle s'occupe d'rembobiner la cassette pendant qu'elle range vite fait trois bricoles qui traînent. elle aime bien jouer les infirmières, gilly. surtout si c'pour colin. ça lui donne une excuse pour s'occuper d'lui et d'son corps meurtri. elle va l'border dans son vieux plaid flétri, lui laisse pas vraiment l'temps de s'indigner s'il en a envie. et gilly elle borde bien. elle a l'habitude. avec nana et ses frangins. elle r'place, délicatement, une mèche des ch'veux d'colin qui lui barrait les yeux. et va chercher des munitions.

- essaye d'pas trop gigoter. elle lui balance en partant.

une. deux. deux bouteilles d'eau pleine dans lesquelles elle fout l'jus d'un vieux citron qui avait l'air d'vivre ses derniers instants. elle sait même pas où elle trouve l'courage de bouger autant. elle est plus forte que rien, finalement. elle r'vient dans la chambre avec les deux bouteilles et les pose à côté d'colin dans l'pieu. emmitouflé comme ça, on dirait un vieux tacos. elle laisse s'échapper un rire.

- bon.
- j'pense qu'on peut lancer l'film.
- pense à boire -
- c'est acide, mais ça aide. elle va s'poser à côté d'lui après avoir appuyé sur play pour lancer l'épouvante. elle a l'courage qui déferle dans ses veines et vas s'caler sous l'plaid tout près du rockeur, tête posée sur son épaule. l'boom boom trésaille alors qu'l'horreur n'en est toujours qu'au générique.

- j'ai hâte de rencontrer qui tu veux m'présenter.
sourire.

et jack apparaît comme un signe narquois du destin.

c'est qu'il en tombe bien et franchement de son piédestal, colin, c'est qu'il a tout juste le temps de s'arrêter de respirer qu'il est déjà ratatiné contre le sol, sans accuser le coup, à juste subir les mauvais coups du destin. il se retrouve dans le fond du pieu, entouré de la couette façon déchet de l'humanité radioactif qu'il faut pas approcher - genre de pestiféré à qui on aime bien lancer des pierres. y'en a bien qu'une pour se foutre à côté de lui, pour continuer de se marrer et prendre le rôle du bon samaritain, faut dire qu'elle a la beauté du coeur gill, qu'elle a la bonté de l'âme et que ça dégouline tellement de ses pores que même un aveugle saurait le voir. ça le fait sourire, pas franchement mais assez pour que ça se voit sur sa face, c'est qu'il serait prête à lui promettre de l'embarquer sur la lune pour y planter quelques tulipes. il chope la bouteille de flotte, se fait pas prier et enchaîne la première gorgée, grimace typique d'un môme qui découvre l'existence du citron. désagréable frisson, il renfonce sa tête dans le semblant de coussin, cale le dos de sa main contre son front, écoute le début en fond.

- j'ai hâte aussi.

y'a pas sa mère, y'a pas son père à prendre en compte, y'a pas de knox à caler sous le soleil de midi ni de grande star à renommée internationale qu'aurait de quoi la prendre pour sa couturière. y'a même pas le petit trou dans le mur pour faire passer la lumière, seulement les résidus d'une vieille bougie dont la cire poussiéreuse semble faire partie du décor. il s'inquiète pas plus pourtant, colin, ça se taille de sa tête semblable à une fusée envoyée sur mars - il se tait, s'endort rapidement, sur scène de sang.