on venait d'me filer une guitare d'un mec qui s'était suicidé, elle était super cheap, complètement inaccordable, d'un truc bas d'gamme (avec un son épouvantable) j'pensais à c'gars qu'a décollé et son putain d'autocollant. | |
Nom › dillon, les origines irlandaises, une famille de prolos qui n'a jamais décollée.
Prénom(s) › levi, comme rien du tout. levi, qui s'entend quelques fois au détour d'un bar petit bourgeois, sur le prochain musical à la mode.
Âge › quarante ans, le déclin. ça fait mal, un peu ; de plus en plus.
Date et lieu de naissance › un certain vingt-cinq janvier à new-york.
Statut marital › divorcé, la garde de la gosse est allée à la mère. le pire est qu'il comprend la décision du juge.
Orientation sexuelle › jamais avoué, toujours consommée, levi est bisexuel et ment comme un arracheur de dents.
Occupation(s) › comédien interprète à broadway depuis bientôt quinze ans, il s'est fait connaître par des petits rôles, mais aussi et surtout parce que son ex-femme est scénariste.
Traits de caractère › inattentif, créatif, désorganisé, impulsif, caustique, pratique, bavard, consciencieux, stratège, renfermé.
Chanson fétiche › karma chameleon par culture club, il l'écoute tous les matins depuis une semaine déjà. c'est beaucoup de fidélité pour levi. et c'est vrai qu'il a un petit faible pour boy george.
Film fétiche ›la nuit des masques, en bon fan de films de genre.
Groupe › vinyle.
Moodboard › ici. Crédit(s) › tumblr.
Manhattan › son nom en tout petit sur les affiches à broadway, levi dillon l'éternel personnage secondaire, qui connaît tout de même un peu le milieu - assez pour avoir quelques contrats qui lui permet de boucler ses fins de mois, et croiser son ex sur les plateaux
(- ça va? - oui. - ok. -silence- tu as pu voir avec la baby sitter pour les horaires? - oui, levi, bon j'ai du taf je te laisse.) pas de scandale pour sa pomme, tous ses problèmes privés restent bien au fond de sa cervelle rabougrie par l'alcool et la clope. il est connu dans les bars du coin, comme ancien travailleur - il fallait bien payer son loyer, l'art ne rempli pas toujours les ventres, surtout pas quand on est jeune père. aujourd'hui, il y est plus vu comme pilier.
le pauvre pop-hip était en train de rôtir en enfer quand il entendit une voix assez grave. pop hip? oui? sais-tu pourquoi tu es en stup-enfer? euh ...nan? car tu ne chantes pas assez pop, pop-hip... Llçon numéro un, ooh. plus sexy! pop hip, descends de quelques octaves.
Borderline › maman - maman à l'usine papa à l'usine et le grand-frère suit le chemin,
levi ne veut pas ça pour sa petite sœur
levi ne veut pas ça pour sa petite sœur
levi ne veut pas ça pour sa petite sœur
levi ne veut pas ça
levi ne veut pas ça pour
luimaman sent la boite de conserve
à la maison et à l'usine
papa a les épaules broyées et la gorge arrachée par l'alcool du week-end
du week-end et puis du soir
tous les soirs de la semaine
il n'a jamais été violent -?- il s'enferme dans sa chambre et maman dans la cuisine.
les grands hlms sont étonnement bien foutus. banlieue ouvrière, mais il y a l'eau courante - parfois. et les wcs sont sur le palier. c'est génial. levi lit des bds sur les toilettes, il y reste des heures en faisant les grimaces de ses personnages préférés.
raspaï - raspaï c'est pas son nom mais levi aime bien le murmurer, le hurler en concerts, pour savoir quelle musique ils vont jouer, parce que l'organisation, ça n'a jamais été ça.
raspaï il bloque sa fac et prend souvent le méga en manif ; il se dit révolutionnaire. il l'est un peu plus dans sa musique. c'est le cerveau du groupe. jim, lui, est le corps, et levi, levi essaye d'être la voix. c'est encore flou, mais ça lui fait un bien fou.
il n'a jamais écrit une seule de ses paroles, mais raspaï lui a dit une fois qu'il était sa muse, et ça l'a fait rire, un peu. à moins que c'était le joint qui passait de main en main.
the commune will never die a tenu un an et quatre jours.
- hey... il l'attrape par le bras, doucement, autant qu'on peut lorsqu'on sort de club, plus précisément. raspaï a coupé ses cheveux et regarde partout ailleurs que dans ses yeux. il ne fuit pas. il n'a jamais fui. il le laisse faire le premier pas. il reste réglo, même après six mois sans se faire un sourire.
- ça fait longtemps, mec.. soufflement du nez. levi n'entend que lui, que son corps malgré la musique qui dégueule du taudis.
- ah levi, ça ferait plus longtemps encore si t'avais eu assez de couilles pour dire les choses en face. aïe. c'est de bonne guerre.
- c'est de ma faute, je sais, et je voulais - il ne sait plus. le pardon. la justification. le petit rire condescendant
(on sera pas gosses toute notre vie rasp, faut grandir, arrêtez de jouez aux cons, le monde change et il nous attendra pas, et pour le grand soir c'est foutu, on se rappellera)- écoute, levi. je t'aimais, okay? je pensais qu'on continuerait ensemble, que la musique, que le squat, que nous, ça durerait encore longtemps. j'ai été con, je sais. mais t'es pas obligé de ramener ta gueule de jeune cadre de merde ici, c'est pas un endroit pour les gens comme toi.le sang ne fait qu'un tour. raspaï a toujours eu les mots.
- je suis sur la même chaîne de production que mon père...il rit. et c'est un rire qui fait fuir les loups comme lui.
- ah! c'est encore pire! merde, tu fais honte à ton propre monde, levi. allez j'espère que tu vivras une belle vie, et pense à moi qui te suçait la bite quand t'engrosseras la première nana qui tombera dans le panneau!malgré la musique tonitruante, raspaï articule toutes les syllabes, et le petit doigt d'honneur à la fin, qui fait presque sourire intérieurement levi.
il a toujours eu le chic pour ce genre choses.
tommy -il y a deux gamines dans le bureau. levi leur donne dix-sept ans à tout casser, et ça lui fait comme un choc doux, un électro-choc sans trop de voltage.
- ah! levi! assieds-toi mon vieux! tu veux un truc à boire?levi serre son cv entre ses doigts déliés - putain de pianiste, toujours les meilleurs que disait rasp. inspire. dans ce milieu, il faut faire comme si l'on y nageait depuis la naissance.
- un verre d'eau merci bien. raté à 50 pour cents au moins
- natasha, ma belle, tu veux bien apporter ça au monsieur? on reparlera de ton rôle d'accord chérie?levi a vingt-cinq ans. c'est un gosse. il a beau avoir de la barbe et bosser depuis ses dix-neuf piges, il en reste un. il n'en a jamais été.
mr. tom lui fait comprendre que c'est lui qui parle lorsque levi fait mine de. c'est lui qui pose les questions.
- appelle moi tommy. bon, t'as passé toutes les auditions, c'est très bien ça, tu as été recommandé par qui au juste déjà? levi fronce les sourcils, cachés sous ses boucles brunes. il ouvre la bouche. aucun son n'en sort d'abord, puis il s’éclaircit la voix comme il peut. trop de paquets de clopes au compteur.
- personne, mr- tommy. j'ai déposé mes cvs dans les bars autour et on m'a dit des les déposer dans les théâtres aussi. petit sourire. ça n'a aucun sens ; pourtant c'est le cas. et ce monde n'a aucun sens, à l'instar de tout le reste. il repense à maman à l'usine, à papa, à bill, à lui - briser la malédiction. saboter la machine.
la commune survivra. tommy prend sur ses genoux la gamine qui arrive avec un verre d'eau et un double whisky. levi détourne le regard quand il la retient imperceptiblement pour foutre sa bouche dégueulasse dans son cou.
- tu sais danser levi? c'est pas grave si non, tu apprendras.danser sur des braises, ça, il l'a fait toute sa vie. danser pour des pantins fantoches.
janis -- arrête, t'es con, je sais pas danser levi!rires. il l'attire quand même contre lui, et ils entreprennent un slow tout à fait brouillon dans le salon jonché de cadavres de bouteilles. slow qui se transforme rapidement en danse endiablée
janis avec ses cheveux blonds et sa fossette qui se creuse comme elle creuse son cœur,
elle a l'air d'une danseuse étoiles déchaînée,
étoile filante
et levi sait danser mais il aimerait savoir écrire pour ancrer l'instant
le sang bouillonne, vivant - ça monte dans son cerveau, avec l'alcool et l'adrénaline
le rire de janis le raccroche au sol, et il s'y met aussi; lier leurs rires pour être plus solide sur ses appuis
- tu danses trop mal j'avoue! petite tape derrière le crâne, il fait semblant de l'esquiver, la soulève par la taille pour la faire tournoyer, aussi légère qu'une enfant
ils finissent par s'éclater sur leur matelas de fortune - défaire les cartons de déménagement c'est trop d'engagement.
elle aime fumer une clope après l'amour. levi ne sait pas si elle a pris l'habitude après l'avoir rencontré ou si elle l'avait déjà avant, même si ça n'a aucune putain d'importance finalement. elle se glisse sous les couvertures, cigarette au bec, et le regarde en attente de la même chose. alors levi tire une taffe et se met à fredonner, la chanson qu'il apprend pour le boulot à ce moment-là. la chanson qui fait les amoureux.
elle ferme les yeux. elle les laisse ouvert quand ils font l'amour mais les ferme quand il chante. levi continue de la regarder.
charlie -elle
lui ressemble.
elle va à l'école maintenant, ça lui a fait un choc quand il l'a vu sortir avec son petit cartable, toute seule. levi, il a encore peur du noir et sa gamine traverse la rue en regardant bien des deux côtés. ça lui serre le cœur, et il serre plus fort encore son petit corps entre ses bras.
- salut ma puce,
- papa! eh bah tu sais ce qu'on a fait aujourd'hui ? et bah on parlait des métiers et moi j'ai dit, bah que mon papa il est ACTEURrires, elle lui prend la main, et ils s'engagent sur le trottoir - elle en trottinant, lui en essayant de marcher droit. acteur raté. clown des temps modernes.
- et maman? elle ne bosse plus dans la même équipe. le responsable a préféré faire comme ça, ils sont déjà en retard sur la production, on va pas se rajouter des problèmes hein, qu'il a dit.
on va pas se rajouter des problèmes, oui.
- eh bah maman, heu...
- scénariste, elle écrit les spectacles, tu vois?
- comment ça?
- elle créer les personnages et les relations entre eux, et l'histoire de la pièce,
- ah bah oui, le fil rouge! elle sourit, et tire sa main pour forcer le pas, l'air fière. levi pouffe de rire. il a bu trois verres aujourd'hui, ça va, pas vrai ? ça va aller.
le soir, ils mangent au restaurant, tous les deux, aux chandelles. elle n'a plus besoin de son siège pour atteindre les aliments sur la table, et le fait bien savoir.
- papa? j'peux te poser une question?
- tu l'as déjà fait.un silence. elle fronce ses petits sourcils blonds et ouvre la bouche rapidement.
grande gueule. comme ta mère.
- mais!! une autre! un rire.
- ouais vas-y mon pote,levi n'aime pas les questions. c'est comme enfoncer le doigt dans une plaie, c'est jamais agréable.
- dans l'histoire maman et toi vous êtes plus amoureux, c'est le fil rouge dis? mrs. williams - - si vous ne parlez pas, mr. dillon, nous n'allons pas avancer beaucoup... je ne peux pas faire le travail toute seule, je ne peux que vous accompagniez dans ce processus qui va être long et difficile, certes, mais qui est primordial. mr. dillon? levi veut pleurer. il n'a jamais été du genre à le faire souvent - il garde les choses jusqu'à l'implosion, mais aujourd'hui, sur ce fauteuil bleu pervenche, il a très envie d'imploser. il ne le fait pas. la dignité du monde ouvrier qui lui colle à la peau. la tête haute mais les oreilles pleines de sable. il serre les dents.
- je veux être médicamenté. j'y arriverai pas sans.premiers pas.
il met trois ans pour signer les papiers du divorce.
debbie - ça sonne.
- allôô, qui est à l'appareil ?
- j'ai pas la garde deb, je l'ai pas eu, je l'ai pas - jerespirez, mr. dillon. comptez jusqu'à vingt. deux fois. si ça ne fonctionne pas -
il attrape la boite de médocs.
- tu es où là?levi n'en sait rien.
il n'en sait strictement rien.
- EH! levi? la gélule glisse dans sa gorge, difficilement. à l'intérieur. il l'a sent tout foutre en l'air sur son passage. toute sa vie et tous ses espoirs. ça n'aide pas du tout.
- grand frère?
- chez moi..et ça sonne comme une question. ce studio, ce n'est pas chez lui. et il a l'impression tous les soirs qu'il rentre dans sa propre vie avec la douloureuse impression qu'on a bougé tous ses meubles pendant qu'il n'était pas là.
levi se raccroche au vieux dessin de charlie
(ça c'est papa ça c'est moi - on dirait des petits bonhommes verts - ouii moi j'aime bien pas toi papa?), une minute plus tard il lâche l'affaire en se rendant compte qu'il est en train de le bousiller.
soupirs à l'autre bout du téléphone.
- bouge pas, j'arrive. proudhon -pâtes micro-onde. vieux vinyle d'elvis, son clic-clac est en train de rendre l'âme et une pile de vêtements sales se transforme en monstre difforme au pied du mur. il faudrait qu'il passe à la laverie. charlie vient ce week-end ? ou alors c'est le 28, celui d'après ?
jamais?ça lui file des cauchemars et des boutons sur la nuque, comme si le juge le regardait dormir toutes les nuits. le suivait dans le métro, cernes creusées. dans les coulisses, pendant les répéts. pour finir par le lâcher sur scène, là où la lumière est trop vive pour rester, et le maquillage de levi trop important pour remarquer les dégâts. à la sortie du théâtre il est là, il vient avec lui au bar d'en face, se liquéfie dans son whisky, pendant que les vieux piliers de bar lui font la discussion - on parle pas du beau temps ici, on parle de la vie, et pas de celle de levi. ce qui lui convient totalement, pour être honnête.
une boule noire arrive dans son champ de vision, et lui pique une pâte pour repartir en volant.
- con de chat!proudhon se bâfre dans son coin, l’œil tourné vers son maître - son sous-loc, plutôt.
quand il ouvre les yeux, deux heures plus tard, la tv en fond, le chaton s'est lové dans son cou, et il se rendort calmement
oublie ses médocs par la même occasion.