date du rp › 12 janvier 1985
lieu du rp › un café à soho @ramona forasco
les dimanches c'est pas souvent. les vrais dimanches c'est très rarement. elle a plus l'temps des dimanches, gill. ceux où on traînasses au lit jusqu'à midi, où on s'prélasse sur l'canap en r'gardant la téloche, émissions débiles qui vident le crâne l'temps d'une ou deux pages pubs. gill elle sait plus vraiment l'goût qu'ça a les repas des vrais dimanches. ceux où t'as la flemme de cuisiner alors tu commandes chez l'restau chinois du coin, ou encore mieux; l'repas sur le pouce. sandwich thon crudité ou crêpes aux champignons. omelette au lard ou tacos revisité à la sauce prolo. elle mange plus les dimanches, gill. plus l'temps. plus l'temps des vrais dimanches. les dimanches c'est plus qu'des moyens d'supporter les gueules de bois sans souffrir au taff. les dimanches c'est l'jour où elle trafique ses aiguilles jusqu'à tard. qu'le velours sort de sa cachette pour v'nir former ch'mises et salopettes. les dimanches c'est la garde des deux inséparables, (insupportables) petites teignes. les dimanches c'est des lundis sans les clients et l'patron qui gueulent. elle aime plus les dimanches, gill. elle préfère les samedis.
on pourrait croire à un miracle d'noël à la bourre en la voyant s'peeder ses guibolles dans les rues pour r'joindre la belle brune au café. puis elles sont pas très douées gill et mona. pour s'trouver du temps. pour s'trouver des dimanches, des samedis ou même des mercredis. plus l'temps d'piailler sur les garçons. sur
un garçon. plus l'temps d'piailler sur les filles. sur la météo ou l'travail. sur l'fait d'vouloir refaire le monde avec un peu plus d'étoiles et de paillettes, mais qu'c'est quand même pas facile à deux. qu'les étoiles ça prend trop d'place dans les poches puis qu'les paillettes ça colle aux pattes et ça veut plus jamais partir voir ailleurs.
elle s'faufile dans l'café pour enfin s'poser face à mona. toujours aussi belle. gill elle a toujours trouvé mona super belle. d'cette beauté qu'on aime chez les femmes. les vraies. gill elle sait qu'elle s'ra jamais belle comme ça. elle on lui dit qu'elle est
jolie. un peu rigolote. mignonne. mais pas belle. parce qu'elle est comme ça gill. ni gamine ni vraie femme. alors qu'mona elle, elle est
vraiment belle.
- parfait pour l'chocolat, merci !
- tu trouves ?
- j'ai l'impression qu'il fait moins froid qu'l'hiver dernier pourtant. ç'parce qu'elle a moins froid à l'intérieur, gill. moins d'vide dans l'cœur.
les chocolats arrivent. l'tournesol s'enroule autour d'la tasse pour récupérer un peu d'chaleur. ses doigts craquent en s'pliant, impression d'bouts d'marbres qui s'fissurent sous la pression.
- ouais.
- au moins décembre. elle s'en souvient plus gill, d'la dernière fois. ça date. elle se souvient de c'qu'elles s'racontent, toujours. elle s'répète, parfois, leurs conversations dans sa tête. comme des histoires pour s'endormir au pays des rêves. mais elle se souvient jamais quand elles se captent.
failles spatio temporelles dans leurs vies sociales.- je vais... bien. l'sourire con. un peu niais. celui de la copine qui a plein d'trucs à raconter.
- et toi ?
- la nouvelle année, elle t'plaît ?elle aborde pas tout d'suite le nouvel an. même si dans l'fond, elle attend qu'ça. parce qu'ça fait du bien d'parler à mona et pas à taby d'tout ce qui s'passe côté palpitant. parce qu'mona elle sait. elle a les bons mots. puis elle pense pas qu'au cul, pas comme taby.
- moi, j'ai l'impression qu'elle va être grave cool. les tournesols fleurissent au coin des lèvres. bourrée de désillusions, la gamine elle boit son chocolat. elle profite de son dimanche. de son
vrai premier dimanche de cette année 85. avec mona, qu'est sûrement la plus belle des vraies femmes.