sunset › gill et brandon

date du rp › 13 janvier 1985, vers 20h
lieu du rp › un bar de l'upper east side

il sait pas s'il a le coeur au bord des lèvres ou si c'est ses poumons qui veulent se faire la malle, le chapeau sur la tête et le mouchoir blanc lâché au vent. il flippe un peu, colin, de voir son corps être arraché en deux sous le coup d'une colère ou de mettre au plein milieu de la salle un distributeur de gêne. pourtant ça fait sens dans sa tête, y'a gill avec qui il est posé depuis une dizaine de minutes, avec qui y'a le verre qui se vide petit à petit, avec qui y'a le sourire qui grandit lui aussi, y'a gill qui de ses dix doigts fait danser les tissus et s'engueuler les aiguilles. y'a elle qui pourrait gagner, qui pourrait grandir, qui pourrait donner plus de grandeur aux artistes du joy of the void, y'a son tremplin encore tremblant, encore calé sous deux pauvres bouts de bois qu'attendent qu'être être remplacés par du béton armé. inspiration profonde, y'a sa tête qui se tourne à chaque fois qu'il entend la porte s'ouvrir, puis il s'arrête, y'a son dos qui se redresse et qu'écrase encore plus sa veste en cuir laissée contre le dossier. il lève la main, pas courageux pour un sous de se montrer ses guibolles. y'a brandon à la bourre, mais brandon quand même, sans talons, sans maquillage, sans velvet à tenir sur ses épaules pour faire semblant d'éradiquer les peines du monde.

- hey,

l'est pas du genre aux grosses embrassades, l'est plutôt du genre à tenir le poignet, colin, à la jouer grand bandit dans les rues plus petites et choper contre les briques. alors il tait, il regarde l'un, il regarde l'autre, il laisse grandir son rictus, genre de fierté de faire s'entrechoquer deux mondes.

- gill, j'te présente brandon,
- brandon, gill,
- c'est la super styliste dont j'te parlais,
- une super fille aussi, en passant.

date du rp › 13 janvier 1985, vers 20h
lieu du rp › un bar de l'upper east side

y a une brique au fond d'son bide en guise d'repas. même si dans l'fond, c'plus un chantier tout entier qui vient foutre le zbeul dans tout son être. elle pourrait presque entendre les ouvriers immigrés siffler les jolies filles qui s'baladent le long d'ses artères. elle essaye d'bien calmer la cadence des rouleaux compresseurs et des turbines qui ravagent son cœur, qu'ce soit avec l'sourire d'son p'tit musicos ou ses yeux rieurs. elle essaye bien d'noyer les grues qui transpercent ses poumons avec l'verre qu'elle lâche à peine pour répondre à colin. mais c'pas facile. elle a les nerfs en ébullition la gill. l'excitation qui fait frémir ses veines sous l'épiderme translucide. elle fume pas souvent, la gamine, mais ça lui ferait du bien. une clope bien toxique pour encrasser les machines. mais elle patiente. sagement. comme si elle pensait être récompensée à la fin d'cette attente qui la tue lentement. elle s'mord les lèvres. qu'elle a fait l'effort d'maquiller. elle s'abîme les ongles. qu'elle a fait l'effort d'vernir. elle s'acharne sur son collant. elle qui porte jamais d'jupe, la plupart du temps. si on était médisant on lui dirait qu'elle essaye beaucoup trop. et que ça s'voit. qu'c'est pas si mignon.
puis colin aussi il s'agite un peu. moins qu'sur scène, quand il fait gueuler sa gratte et gueuler les filles. mais elle le voit s'retourner toutes les cinq minutes. ça rajoute du stress.
puis quand la porte s'ouvre une énième fois, c'est la bonne celle là.
et c'est un silence mortuaire qui s'abat sur l'chantier émotionnel.

y a un bug dans les rouages quand elle voit brandon s'ramener. elle s'attendait un peu à tout et n'imp. mais pas à ça. p't'être plus à un daron ou une daronne dans ses rêves qui promettaient des ballons en forme de cœur et des étoiles plein les mirettes. mais non. c'est brandon. brandon. c'est qui brandon ?

- s-salut. elle se sent écrasée par c'que dégage l'nouveau venu. c'est ça l'charisme ? puis elle rougit un peu quand colin vente ses prouesses d'couturière de l'ombre. même si elle est franchement mal à l'aise. sans trop savoir pourquoi. elle comprend pas. c'est qui brandon ?

- enchantée. sourire gêné.
- je-
- j'suis pas vraiment styliste, en réalité... elle d'tente de se rattraper aux branches imaginaires d'son cerveau qui perdent leurs feuilles à vitesse grand v. rendez-vous professionnel ? non. colin il avait dit que c'était quelqu'un qu'il aimait fort. ça peut pas être juste un collègue ou quelqu'un qui cherche à s'fringuer pour pas cher.

- mais je couds un peu. déglutit. l'verre est vide. une clope passerait bien.
- tu-
- tu m'avais pas dit que t'avais un frère, colin. dernière branche. elle craque. l'arbre est mort. elle sait d'jà plus ou moins la réponse. puis ils s'ressemblent pas. cousins ? c'pas sous les eaux qu'le chantier a chaviré. c'dans l'ciment qu'il a coulé.

c'est qui brandon ?