centerpiece / colin

date du rp › 5 janvier 1985.
lieu du rp › joy of the void w/ @colin knox

il aurait pu se contenter d’une voiture de sport garé en double file, mais il a pas les moyens, brandon, de fanfaronner. y a pas d’étoile pour la grande veille du 31 ou pour l’irradier complètement de bonheur ou de cupidité. y a seulement qu’un tas de breloques dans un coffre en argent et une paire de lunettes de soleil trop opaque. parce que y a rien qui filtre, forcément, à se bouffer autant de paillettes en si peu d’temps dans le poitrail. il a des allures de guirlandes de noël brandon, et tout l’monde aime les fêtes de fin d’année. l’a pas l’temps d’être septique et d’se demander comment il va finir le mois s’il achète ce parfum à la mode sans bons de réduction. l’a pas l’temps, entre l’upper, greenwich, soho ou même midtown. y a que cette pseudo routine, au joy, qui lui tire une risette de gamin bénit par michael jackson lui-même. au lieu de ça, y avait new-york, géant de plomb et d’acier qui s’empêtre de belles histoires dans les journaux. même si, au fond, il en a jamais vues, de belles histoires brandon. il s’demande si il y a un endroit pareil au joy dans chaque grande ville des états-unis, le long de la route 66.
œillade le long du bar qui se tasse en zappant l’indifférence du grand blessé qui s’y trouve. colin. colin qui pourrait, de toute évidence, passer la soirée, la nuit et même le petit matin à faire comme si il n’était pas là. et brandon, il part d’emblée sans préparer quoi que ce soit. ni excuse, ni poème ni numéro de prestidigitateur pour donner substance. il s’pose pas vraiment sur un tabouret, il reste debout en posant ses coudes sur le vieux bois. la tête cueillie de ses deux mains engourdies.
- dis, colin chéri, j’peux avoir une margarita please ?

l’idée se tasse en le voyant de plus près de se donner une pluie de bonnes excuses pour son comportement. mais y a plus autant de colère que trois jours auparavant t’façon. brandon il veut juste monter sur scène et s’accaparer les bras, le corps, les lèvres de ce foutu colin knox, apprenti rockstar de son état. et c’est tout. quand il est au joy brandon, tout est d’une incroyable banalité. comme quelques mannequins qu’on exposerait derrière une vitre dans de beaux costumes, sans ombre ni lumière.

date du rp › 5 janvier 1985.
lieu du rp › joy of the void w/ @colin knox

c'est que dans sa tête y'a une soupe de nouilles bouillante qui dégouline jusqu'à percer des crevasses dans son crâne. c'est qu'il écoute sans écouter, qu'il phase sur la musique, colin, à défaut de pouvoir bouger son cul et rejoindre les transformistes sur scène. il jauge d'un coin d'oeil, tend l'oreille quand on l'appelle pour faire un cocktail, il en foire un, puis un deuxième - ce sera que deux pour le reste de la soirée. y'a bien le patron qui vient lui claquer la bise, qui lui tapote l'épaule avant de se tirer taper causette avec divine laqueen qui hurle d'un rire à en faire tomber les miroirs. semblant d'un sourire, il a la chemise accrochée à ses hanches, le débardeur qui en laisse trop voir et trop peu aussi - il jure qu'après les pourboires, colin, ça permet de se repayer du matos, de promettre un restaurant pas trop craignos. puis y'a velvet dans toute sa splendeur qu'est à l'honneur, qu'accapare toute l'attention en cherchant franchement la friction. y'a ses dents qui se mettent à grincer, y'a bien des heures qui se mettent à passer avant qu'elle puis lui se ramène. là c'est pas trop la grandiose qui cherche l'osmose, c'est plus le grande gueule qui jette de l'huile sur les étincelles roses. il lève la tête, il a encore le coup dans les côtes qui le lance et le reste de son pauvre coeur vexé - il tourne en boucle la conversation qu'est devenue une robe de soirée enflammée. inspiration profonde, il se mord la langue, ça pique encore, un peu moins que la veille, moins encore que l'avant-veille. haussement d'épaules, il s'exécute sans plus chercher, de toute manière tant qu'il est payé, il est pas du genre à toujours râler. à la différence c'est que cette fois il force à peine sur l'alcool, il aurait eu plus raison de lui enfoncer un sucre entier dans le gosier. derrière y'a la voix de bowie qui traîne, qui scande la valse des étranges.

- tiens.

ni plus ni moins, il attend pas qu'il se foute à ses pieds, colin, seulement des excuses qui valent au moins la peine d'être prononcées - qu'au moins il puisse y croire et que ça se cache pas derrière les rideaux dans un cache-cache foireux. il veut pas en avoir les larmes aux yeux, juste en esquisser le semblant d'un sourire soucieux, à se croire pas premier ni dernier, juste entre les deux pour écrire sa place au marqueur.

date du rp › 5 janvier 1985.
lieu du rp › joy of the void w/ @colin knox

il lui a dit tiens. tiens comme on donne une friandise ou un canard qui fait pouic-pouic à un clébard, pour le calmer. pour qu’il foute la paix à tout l’monde. il a dit tiens colin, et il l’a balancé si loin cette stupide balle de tennis que brandon est resté au travers d’la route sans savoir quoi faire ni quoi dire. il a dit tiens avec un tel désintérêt que ça lui a zappé son amour propre. que velvet a récupéré le verre tant espéré, mais plus vraiment dilettante. plus vraiment amatrice de flirts adolescents. alors que brandon, brandon il rumine dans un coin d’sa tête. brandon il foutrait le feu d’un bout à l’autre du comptoir et lui tordrait le cou s’il le pouvait. l’alcool lui brûle la gorge pourtant c’est pas assez, pourtant il a l’impression de boire le p’tit jus qu’on donne aux enfants au goûter. il se pince la lèvre et puis se tasse. velvet elle a pas le temps d’se perdre dans les détails. velvet, elle tord les cous d’une toute autre façon que brandon. velvet elle ronge le bois de ses longs ongles, sous le comptoir, et elle sourit. elle rit de la nouvelle année velvet. velvet ça la rend plus triste de voir l’autre si près se tenir si loin, mais elle attache ses longs cils sur d’autres fauves avec qui elle s’ennuie.
faut bien le retour triomphe d’une autre drag-queen pour les voir toutes s’évaporer à côté d’elle et là, là c’est velvet qui rumine. un peu moins fort que brandon, mais quand même. elle est là depuis plus longtemps velvet, c’est elle qui devrait ramasser le bouquet de fleurs à la fin. n’empêche qu’elle est incroyable belle et qu’il est pas le seul, brandon, à s’en être rendu compte. ça l’énerve, ça et colin, ça l’énerve. colin qui continue son grand numéro. il a pas l’intention de s’excuser, il a pas l’intention d’lui lécher les godasses brandon. ça l’fait chier, et velvet elle flanche un peu, le dos avachi. velvet, elle a envie de serrer fort son oreiller et qu’on lui foute la paix. alors brandon, il attend que colin soit de l’autre côté du bar pour recommander un verre à son collègue, il continue sur sa lancée brandon, d’incorrigible chieur. faut que ça finisse, cul sec, dans l’fin fond de sa gorge. on jamais vu cendrillon s’faire chasser de son propre château à la fin du conte.
alors velvet, elle romance aucune de ses relations ce soir. elle se colle aux silhouettes qui fondent sous les projecteurs bleu, vert, rouge. qui se teintent en noir à la fin de chaque chanson. velvet elle préfère s’amuser que de casser les couilles comme brandon. danser jusqu’à ce que le soleil se lève et que le parking soit quasiment vide. et faut bien attendre que la nuit se taise pour qu’il tapine sur le trottoir à la recherche d’une bagnole pour le ramener chez lui ou ailleurs. faut bien colin qui nettoie le comptoir et lui, sac sur le dos prêt à partir pour qu’il daigne une nouvelle fois lui adresser la parole.
- tu comptes me reparler ou c’est définitif ?
- parce que tu vas commencer à m’manquer et j’veux pas.

date du rp › 5 janvier 1985.
lieu du rp › joy of the void w/ @colin knox

l'est pas du genre à dramatiser, colin, à mettre une croix sur toute la page pour signer alors que y'avait marqué de la caler juste dans le coin. l'est pas du genre à se faire trop de plans, trop de flippes, à se laisser tellement vivre qu'il en zappe de respirer convenablement, qu'il a du pétrole qui se colle à ses poumons et que ça gangrène l'intérieur. à trop manquer de réflexions ça lui coûte, ça lui joue, à taper dans le surplus de vécu, de sentiments foireux qui lui inspirent des chansons pétés bonnes à faire tomber une armée de groupies mal baisées. inspiration profonde, y'a bien la soirée qui passe et qui trépasse, il fait filer les verres, s'en cale un ou deux au passage, laisse planer quelques sourires, entame des conversations qu'il terminera pas, jusqu'à ce que la fin sonne, nuit tombée qui s'approche pas encore du jour - l'hiver éternel qui fait des mauvais tours. puis y'a brandon qu'est plus velvet, velvet qui laisse place à brandon et ça se bouscule entre les deux pour faire la sortie la plus grandiose. il voit qu'un sac alors qu'il passe le torchon sur le comptoir, l'est pas encore prêt à se tirer, y doit ranger les quelques bouteilles, les verres sont déjà lavés. l'a hâte de se foutre au pieu. y'a ses sourcils qui se froncent alors que ça joue la carte de la divine beauté, du genre à tirer sur la corde du pendu pour le faire suffoquer. haussement de sourcils, il retirer la dernière saloperie sur le bois, accroche le bout de chiffon.

- ah ouais,
- s'tu veux pas, c'est vrai qu'ça change tout.

y'a de quoi le toucher, lui filer un genre de frisson entre le bras et la gorge. c'est que ça le fait sourire. il sait même pas pourquoi, colin, si c'est à cause d'un genre de bonheur niais à deux balles ou une sombre ironie qui vient lui tirer la langue du bout des ongles.

- mais j'te r'parle là,
- t'peux pas dire que c'est définitif,
- y'a pas d'point final ou d'générique donc -

haussement d'épaules mollasson, l'a le visage étrangement détendu, l'est plus en mesure de la jouer chiard des quartiers bourges qu'est pas content d'avoir eu le jouet en caoutchouc du chien pour doudou à vie.

- c'est flatteur d'voir que tu m'attends,
- finalement.

claquement d'un clin d'oeil qui cherche dans la provocation un moyen de friction, genre de retour à la préhistoire qui fait claquer deux pierres pour créer une seule étincelle. il fait pianoter ses doigts sur la surface plate, il longe le bar et bifurque vers une porte. pas vraiment des loges, seulement là où jeter la veste et les affaires parasites. il les enfile et chope son sac qu'il cale sur son épaule, les clefs qui pendouillent entre ses doigts. il revient, pas vraiment là où il était, l'est juste devant l'étoile qui file pas - qu'aura sans doute jamais l'occasion de prendre la taille d'un soleil levant.